Zeu retourz of zeu Kéké

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Zeu retourz of zeu Kéké

J.R.D

c'est un peu long à lire mais bon dieu que ça fait du bien....
piqué bien sûr sur le repaire des motards ...


"Notre Jacky à nous. Notre fierténationale sur lalignebleudévoge. Le mètre-étalon de notre beauferie..
Le Kéké, pas fou, hiberne en général d'octobre à avril, ou d'avril à octobre s'il est Australien (en comptant large). Mammifère aux moeurs peu étudiées de manière systématique, son territoire de chasse va de la terrasse de café aux pistes de stunt. Reconnaissable à son pelage bariolé, souvent assemblé de bric et de broc, il chevauche un terrible engin aussi bruyant que poussif, mais rarement assorti à son pelage puisqu'il vient de changer de modèle. Un casque verkipète et un blouson violèdlamortkitu sur une moto rougekiflash, voilà les signes de reconnaissance du Kéké de base. Très classe.

Mais le Kéké est sournois. Il lui arrive de réunir la somme nécessaire pour se payer la combarde kivabien, en accord avec les tons de sa monture. Et là, l'affaire se corse (boum). Plus question de se fier aux apparences. Il faut donc, pour identifié un Kéké, s'en rapprocher (l'air de rien) et le regarder bouger et parler.

Ah, oui, parce que ça parle et ça bouge, un Kéké. Et pas qu'un peu...

Le langage corporel du Kéké et là pour compenser son manque de vocabulaire. Un mouvement vif du poignet droit ne signifie pas qu'il renoue avec ses origines ancestrales et explique comment tordre le cou à un volatile quelconque. Non, non, pas du tout. Le Kéké veut exprimer par là qu'il a découvert par hasard le fonctionnement de la poignée de gaz rotative, invention que l'on doit, je le rappelle, à messieurs Harley et Davidson, fabricants de tracteurs hémiplégiques. Ce mouvement du poignet est souvent accompagné d'une onomatopée, comme prouuut !, waaap !, ou gaz ! qui souligne l'action déterminée sur ladite poignée de gaz. Notez au passage l'absence de décalage entre le geste et l'onomatopée qui l'accompagne : le Kéké, de ce point de vue là, est un chef d'oeuvre d'intégration bineuronale (un neurone pour prout ! ou gaz ! et un pour le poignet).

Si le Kéké prend une pose simiesque et agite les bras d'avant en arrière en accompagnant son geste de bruits rappelant ceci : wabroo, wabroo, wabroo, il n'est pas du tout en train d'expliquer ses rituels d'accouplement. Pas plus qu'il n'illustre sa savante maîtrise du motoculteur. Pas du tout. Il est plongé dans une tentative d'enseignement à ses congénères d'un opération des plus délicates et qui nécessite l'utilisation simultanée de pas moins de trois neurones : le freinage-rétrogradage. Après avoir découvert l'usage du frein avant, invention que l'on doit, je le rappelle, à Cesare Brembo, prêtre italien du 14e siècle, le Kéké s'est aperçu que son usage combiné avec une boîte de vitesse de type séquentielle permettait à sa machine de produire des sons tout à fait étranges. D'où l'excitation du Kéké. A un autre niveau, on peut considérer que les onomatopées gaz ! (ou prouut ! ou waaapp !) et wabroo wabroo constituent une forme d'incantation religieuse et/ou de signe de reconnaissance des Kékés entre eux.

Il arrive aussi au Kéké de prendre une posture consistant à se pencher violemment vers la gauche ou vers la droite, tout en décalant nettement son centre de gravité (son cul, quoi), vers l'arrière. Là encore, les apparences sont trompeuses. Le Kéké ne cherche pas à faire s'écouler un reste d'eau stagnante au fond de ses conduits auditifs tout en chassant un excès de pression interne au niveau de son appareil digestif. Pas du tout. Il est juste en train d'expliquer à une foule d'admirateurs (-trices) en transe quelques principes de mécanique des solides en général, et les effets de la force centrifuge en particulier. On doit l'invention de la force centrifuge, je le rappelle, à monsieur Ferdinand Moulinex, fabricant de toute une série de modèles de paniers à essorer la salade. Cette mimique peut tout à fait être combinée aux deux précédentes déjà mentionnées, mais pas les trois en même temps (ou alors, vous êtes tombé sur un Kéké de concours, digne de partager le prochain dîner que vous préparez avec quelques collègues de travail facétieux, auquel cas le Kéké a le potentiel nécessaire pour faire rejaillir sur vous un prestige incomparable aux yeux des dits collègues).

Avec ces trois mimiques de base et l'identification visuelle de l'harmonie des couleurs de son pelage, le lecteur est susceptible de dégrossir sa quête du Kéké. On peut même affirmer que si ces deux conditions sont remplies, on a 85 % de chances d'être tombé sur un Kéké.

Notez tout de même que le Kéké, pour donner la pleine mesure de son potentiel, doit être entouré d'au moins 6 personnes. En dessous de ce seuil, le Kéké peine à trouver ses marques, et son rendement s'en ressent.
La chasse au Kéké

Tout d'abord, il faut savoir que le Kéké est une espèce protégée et particulièrement choyée par les concessionnaires et les fabricants d'accessoires et de vêtements.

Avant de partir à la chasse au Kéké, il est impératif de se trouver en dehors de la ZLPS (zone limite de perception sensorielle) d'un concessionnaire ou d'une revendeur d'équipements. Autrement, les conséquences pourraient être catastrophiques pour vous. La pire chose qui puisse arriver à la chasse au Kéké est bien de voir débouler le concessionnaire ou le fournisseur attitré dudit Kéké, brandissant catalogues, prospectus et boîboîte à carte bleue pour lui apporter un soutien moral. En outre, le Kéké est l'une des composantes fondamentales du maintien de la balance des paiements intracommunautaire et entre l'Europe et le Japon, et on déconne pas avec ce genre de bidule (ça mord).
1. Identifier le lieu

Le Kéké, comme on l'a dit, fleurit sur les trottoirs et les voies rapides d'avril à octobre. Mais, pour que la chasse soit fructueuse, des conditions climatiques et économiques particulières doivent être réunies :

- la température de l'air doit être comprise entre 18 et 32 degrés Celsius (Celsius, je le rappelle, est l'inventeur de l'eau tiède). De plus, le taux d'hygrométrie doit se tenir dans une fourchette de 65 à 80%.

- les dernières précipitations doivent remonter à au moins 24 heures, et l'ensemble du terrain de chasse ne doit pas présenter la moindre trace d'humidité

- dans un rayon de 200 kilomètre autour du terrain de chasse, aucune précipitation de quelque nature que ce soit ne doit être annoncée dans les prochaines 72 heures. Même la présence d'arroseuses municipales peut faire fuir le Kéké.

- les fluctuations du cours du brut et de la TIPP ne doit pas avoir excédé les 3,27% sur les marchés au cours des 15 derniers jours.

- le dernier arrivage de machines « made in Japan » doit avoir eu lieu au moins un mois avant, pour laisser le temps au Kéké de s'équiper de la dernière sportivalamod.
2. Les modes d'interception du Kéké

a/ l'interception dynamique

Les professionnels de la chasse au Kéké sont formels : intercepter un Kéké en mouvement sur voie rapide nécessite des nerfs solides et beaucoup d'expérience tant les risques sont importants. Dépasser un Kéké, en effet, requiert une science consommée du pilotage, vues ses trajectoires approximatives et ses freinages inopinés en ligne droite. Cependant, procéder de la sorte permet d'identifier à coup sûr un Kéké. S'il pose le genou en ligne droite, s'il freine à mort à la vue d'un virage -même distant de 300 mètres, s'il vitupère contre une voiture qui s'approche à moins de 18 mètres de sa machine, s'il reste droit comme in « i » sur sa moto en virage mais se désarticule les cervicales pour conserver la tête droite, s'il tombe deux rapports dans chaque tunnel pour mettre sa moto en zone rouge et utilise le coupe-circuit pour faire boum boum avec son moteur dans ces mêmes tunnels, à coup sûr, on a repéré un Kéké.

Attention ! Le dépasser, nous ne le répéterons jamais assez, nécessite les plus grandes précautions !

On choisira son moment de manière stratégique, toujours en virage, où le Kéké fait généralement un rapide calcul mental et retranche 40 km/h à la limitation de vitesse en vigueur pour adopter une allure qu'il juge, lui, « extrême » (devant ses fidèle, en revanche, le Kéké ajoutera 40 km/h à son estimation de vitesse de passage, ce qui prouve que le Kéké maîtrise le calcul mental). A ce moment précis, déborder largement, et toujours par la droite, le Kéké. En effet, scotché à la file de gauche, il y a fort peu de chances que vous ayez la place de le déborder de ce côté. Il est, de plus, impératif de dépasser le Kéké avec une différence de vitesse d'au moins 30 km/h, mais inférieure à 50 km/h. Trop lentement, le Kéké sera tenté d'inventer une excuse, trop vite le Kéké refusera l'affrontement. Dès la sortie du virage, essorez la poignée : piqué au vif, le Kéké va sans doute exploiter à fond les capacités de sa machine pour revenir sur vous, au mépris des règles les plus élémentaires de prudence et de courtoisie. Comme sa machine est fort bruyante, heureusement, le chasseur a l'avantage. Si le bruit entendu correspond peu ou prou à un « wabada bada bada », les risques sont limités : le Kéké vient de se louper au passage d'une vitesse, et il est loin derrière. Dans le cas contraire, bien surveiller ses rétros !

Quand les rôles sont inversés, les risques sont encore plus importants. Rattrapé par un Kéké pour une raison quelconque (réserve, pas trop la forme, trop bouffé ce soir, en rodage, plus que 2 points sur le permis), celui-ci exploitera immédiatement cette faiblesse contre son adversaire du moment. Car le Kéké a fait sienne cette maxime : « à vaincre sans péril, on triomphe tout de même ».

On doit l'invention des maximes, je le rappelle, à Confucius qui, au 2e siècle avant notre ère, avait prédit l'avènement des Kékés, et avait donc concocté à leur intention un ensemble de truismes et de tautologies afin qu'ils trouvent des réponses déjà cuisinées (à réchauffer 2 minutes au four thermostat 4) pour leur permettre de se défendre dans ce monde sans pitié. A ce sujet, d'ailleurs, on peut const... PAF !

- Koud'pied O'Kick : « Aïeheuuu ! »
- Le Modérateur : « Tu nous les brises à ramener ta science, accouche ! »
- Koud'pied O'Kick : « Ouais, ben pisskeu c'est comme ça... »
- Le Modérateur : « Pisskeu c'est comme ça QUOI ? »
- Koud'pied O'Kick : « heu, bein... pisskeu... enfin, zut quoi... ouais, bon, d'ac, je continue »

Le Kéké, donc, va utiliser n'importe quel moyen pour tenter d'humilier le motard de passage. Deux options s'offrent à ce dernier : rentrer dans la peau d'un chasseur ou refuser l'affrontement en prétextant l'approche de la prochaine sortie d'autoroute.

Etudions un peu ces deux options :

- La surenchère : C'est une technique risquée, car le chasseur de Kéké ignore s'il a affaire à un Kéké pur sucre, ou un véritable Frapadingue© qui connaît le terrain comme sa poche et tutoie tous les joints de dilatation à 50 kilomètres à la ronde. Le premier contact visuel est très important. Si l'opposant paraît amical, il s'agit vraisemblablement d'un Frapadingue sûr de sa supériorité. S'il apparaît hargneux, en revanche, on a toutes les chances d'être tombé sur un Kéké en fin de rodage (le rodage consistant à ne pas dépasser 2.000 tours/minutes pendant les 1.000 premiers kilomètres, puis de mettre le moteur au rupteur dès la sortie de la première révision, mais au point mort et sur la latérale, faut pas déconner). Enfin, si le proprio vous ignore et que la bécane en question a l'air particulièrement défraîchie, lâchez l'affaire : il s'agit d'un coursier, et vous n'avez aucune chance de ressortir vivant du prochaine virage si vous cherchez à le suivre.

Suivre un Frapadingue peut s'avérer dangereux, mais payant. Le Frapadingue a une bonne connaissance du terrain et épouser ses trajectoires peut vous amener à faire des découvertes sur un tracé pourtant connu. Un règle d'or cependant : si le Frapadingue freine, ne cherchez surtout pas à le dépasser : il a vu ou sait quelque chose que vous ne savez pas (route en travaux, radar, camion en travers de la chaussée à moins de 50 mètres, Airbus A 320 en approche sur ce que vous preniez au départ pour une autoroute très large).

En revanche, s'il s'avère que son freinage n'avait pas de raison apparente, plus de doute : c'est un Kéké de l'espèce la plus perverse, qui met en confiance ses victimes avant de tenter de les humilier. Là, pas d'hésitation : sus au Kéké !

- La fuite : Elle a pour inconvénient majeur de laisser le Kéké impuni, et sûr de sa supériorité pendant encore au moins 3 kilomètres avant qu'il ne rencontre un autre motard. 3 kilomètres durant lesquels il mettra en péril la vie d'une foule d'innocents automobilistes insouciants et ignorants du fait qu'un Kéké rôde dans l'ombre ou dans leur angle mort, prêt à en découdre courageusement avec leur rétroviseur ou leur portière. Elle laisse de plus la possibilité au Kéké d'échafauder un énorme bobard où vous tiendriez le rôle de la victime, enrhumée en public devant les millions de fans du Kéké pour des siècles et des siècles, amen. Insupportable, non ? La prudence fera néanmoins reculer les plus circonspect, précisément à cause des risques encourus à la chasse au Kéké, sans même parler de ceux sur la réserve depuis 40 bornes : la chasse au Kéké peut parfois durer 7 ou 8 kilomètres avant que le Kéké ne renonce. Dans tous les autres cas, la fuite est une mauvaise solution, puisque vous donnerez l'occasion au Kéké de s'enfoncer un peu plus dans son délire de supériorité. Faites un geste pour les Kékés : remettez-leur les idées en place. Gaz !

b/ l'interception statique

L'interception statique du Kéké, consiste d'abord à bien l'identifier. Il existe plusieurs degrés de Kékétude (rhoo... mesdames, voyons... nous parlons d'un sujet sérieux, là), qui ne se révèlent qu'au bout de quelques minutes. Car la hiérarchie des Kékés est bien établie : autour d'un Kéké en Chef gravitent plusieurs Kékés Auxiliaires qui vouent au Kéké en Chef une admiration sans borne. Le meilleur moment pour attaquer un Kéké en Chef, c'est quand il est seul, sans défense, et à 72 millions d'années-lumière de chez lui. S'il est entouré de plus de 2 Kékés Auxiliaires, n'insistez pas : vous êtes en infériorité numérique (sauf dans le cas de la chasse mixte que nous mentionnons ci-après).

Une fois l'identification opérée, il y a deux procédés : la sur-kékétudes (mesdames, mesdames, s'il vous plaît...), qui consiste à surenchérir sur le discours du Kéké (en Chef ou Auxiliaire), ou l'humiliation. Ces deux méthodes sont risquées : la sur-kékétude (bon, ça suffit, maintenant, les filles !) nécessite une dose de mauvaise foi extra-pure, et de solides connaissances terrain, alliées à un ego gonflable à volonté. L'humiliation, elle, nécessite aussi une bonne connaissance terrain, mais associée à un bagage technique et historique au meilleur de sa forme. Par exemple :

- Le Kéké : « hier, j'ai croisé un type, chte jure c'était Gérard Depardieu ! Chte jure ! Ma parole ! Comme moi je te vois ! J'hallucinait ! Pis très cool comme mec, en plus, pas la grosse tête, hein ! On tape la discute, tranquille, un p'tit verre chez Maurice. On discute bécane tout ça, pis à un moment il me demande : « ça marche, ta moto ? ». Eh ! un peu que j'lui répond ! Ca marche du tonnerre : presque 300 je prend. Pis elle est débridée, hein. Bon pis voilà, au bout d'une heure, on est parti se tirer une petit bourre. Mais chte raconte pas, c'te bourre d'anthologie ! Et puis, dans le grand gauche avant Maison Alfort sur l'A14, Waaaaap ! (ndlr : mouvement du poignet et pose déhanchée) j'lui ai grave mis sa mère. J'hallucinait, parole, il est jamais revenu sur moi, chte jure. On a continué jusqu'à Pontoise, sympa, tu vois, le mec, tranquille, 270 - 290, peinard dans les courbes (ndlr : mouvement de déhanchement de droite à gauche). Bon, OK, il avait une bécane qu'envoyait fort, mais bon, j'le tenait à l'aise ».

- Le Chasseur de Kéké : « Depardieu est aux Etats-Unis en ce moment. Je le sais, j'habite dans son immeuble. C'est pas l'A14 qui passe à Maison Alfort, et un Bandit 600, c'est pas bridé et ça prend pas 290 ».

Notez la sécheresse du ton, et la brièveté de la réponse. Avec les Kékés, il faut faire dans le chi-rur-gi-cal. Sinon on en sort pas. La moindre faille dans le raisonnement sera exploitée sans pitié. Et s'il ne trouve pas de faille, le Kéké en rajoutera dans la sur-kékétude (bon, allez, c'est bon, Martine, là, on a compris, sors, tu déranges tout le monde à ricaner bêtement !). Dans notre cas, le Kéké peut tout à fait se retrancher soit derrière un mensonge éhonté : « eh ! j'lai lu dans France Dimanche qu'il était de retour, Gérard Depardieu pour voir son fils pendant les vacances », soit en mettant en doute vos connaissances techniques « mais si que ça se débride un Bandit, faut juste savoir comment on fait. Et moi je sais : suffit de mettre des arbres de mille GXXR. Eh ! mon beau-frère il l'a fait sur sa Diversion, alors j'le sais, raconte pas de conneries steuplé, j'le sais mieux que toi. ».

Les plus courageux continueront à asticoter le Kéké pour atteindre le sommet de la chasse au Kéké :
La chasse mixte

La chasse mixte est l'Expérience Ultime dans la chasse au Kéké, le Nirvana auquel tout chasseur aspire. Il s'agit de combiner le deux méthodes : l'humiliation publique, et l'humiliation sur route. Reprenons le cas du Kéké tireur de bourre avec Gérard Depardieu. Correctement chauffé par le chasseur, le Kéké va s'enflammer et proposer un duel. Pas de gant jeté à la figure, pas de témoins ni de Pré aux Clercs à l'aube. Généralement, le Kéké lance son défi de la sorte : « eh ben viens, on va se tirer la bourre jusqu'à Lognes, viens, pisskeu je te dis qu'il passe à fond le virage. Eh, c'est pas à moi que tu vas l'apprendre, même quand j'étais en 50 j'le passais déjà à fond, alors... ».

C'est à ce moment-là que le chasseur de Kéké peut dévoiler sa monture. Ici, les avis divergent : soit on tente l'épate avec le dernier modèle de chez Kawazuki, soit on la joue modeste en exhibant une machine avec un an, voire 18 mois d'occaze (une ruine, quoi). Attention, quelques motos sont tout de même hors concours : les 1100 GSX-R d'avant 1992, les Youplabouza et les RC30/RC45. Ceci pour parer à tout excuse formulée par le Kéké juste avant le départ. Pour les puristes, le chasseur doit posséder une moto standard, juste équipée de quelques artifices, dont l'inévitable pot qui fait prout prout (sinon, le Kéké se méfie).

Et c'est parti. Comme le Chef Kéké entraîne sûrement dans son sillage des Kékés Auxiliaires qui vont jouer le rôle de témoin, il convient de redoubler de prudence, puisque les Kékés Auxiliaires feront tout pour protéger l'honneur du Kéké en Chef. Une bonne stratégie consiste à enrouler en queue de peloton, non sans avoir semé le doute dans la tête du Kéké en Chef par un démarrage canon. Le Kéké en Chef va devenir, suite à cela, encore plus brouillon (déjà que c'était pas l'extase avant, mais là ça devient un supplice à regarder). Après cette première estocade, rétrograder quasiment en queue, tout en gardant un oeil sur les faits et gestes du Kéké en Chef.

Arrivé sur le lieu de l'affrontement, dépasser dans les règles de l'art le Kéké en Chef après avoir déposé les Kékés Auxiliaires.

C'est ici que la chasse devient délicate. Car il s'agit de revenir au point de départ pour achever le Kéké en Chef, sans que celui-ci ne se défile en utilisant divers subterfuge : emprunter un « raccourci » connu de lui seul et de ses sbires, faire un arrêt inopiné à la pompe, suivi d'un longue pause-clope pour décourager le chasseur, un arrêt sur le côté en prétextant un ennui mécanique, etc... Le chasseur devra se coller en milieu de peloton et surveiller encore plus qu'au départ la conduite du Kéké en Chef.

Pendant le retour, le chasseur passera en revue les différentes excuses possibles que pourrait formuler le Kéké en Chef en fonction de la configuration de la route (voiture, camion, radar, trace suspecte au sol) et préparer son argumentaire.

Les excuses les plus courantes du Kéké sont connues :
- je dois l'amener en révision, j'ai pas trop tiré dedans
- yavait des trace au sol
- c'est mon Dynojet, faut que je le règle
- t'as pas vu ce connard en Golf qui m'a déboîté dans la gueule ?
- ouais mais bon, là, je le sentais pas trop, c'est ptete les pneus qui chauffent pas
- t'as pas vu le radar ?
- ça doit être mon amorto arrière, ça pompait

Le Kéké en Chef, lui, a échafaudé tout une série d'excuse à l'attention de ses Kékés Auxiliaires, pour éviter de se voir détrôné, la plus savoureuse étant, à mon sens : « mais ouais mais ça se voyait qu'il la connaissait trop bien la route. On le met sur une petite route qu'il connaît pas, et il vaut plus rien. Pis toute façon y conduit comme un barge, si ya quoi que ce soit, il est mort le mec, il est mort. C'est un fou ce mec, moi j'roule pas avec des mecs comme ça, c'est des dangereux, y sont ouf' dans leur tête. Mais ouais ! Attends ! Moi j'déconne pas avec ça, moi, sérieux, c'est un ouf'. T'façon on l'a vu dès le départ que c'était un ouf', le mec, juste comment il m'a passé. Nan sérieux, c'est abusé des mecs comme ça».

J'abrège, ça peut durer un quart d'heure.

Pour s'y retrouver en kékétude, impossible de passer à côté de 2 éléments fondamentaux de la kultur kéké : les magazines spécialisés et... les cassettes de stunt en provenance des Uèsses. Ces magazines, que je ne vous ferais pas l'insulte de dérouler la liste ici, ont un seul but : renforcer le kéké dans son sentiment d'appartenance à l'élite motarde, où la « petite vis chromée » (Joe Bar Team copyright inside) est élevée au rang de « phénomène de société », voire, chez les plus pédants de « phénoménologie sociétale ». Alors on adonise, on monobratise, on peinture perso, on fullpowerise, on taille dans la masse. Le taillé dans la masse m'a toujours bien fait rigoler, il sert de caution morale à tout un tas de bricoles insignifiantes ne supportant aucune contrainte mécanique, où l'utilisation de cette technique d'usinage ne sert strictement à rien sinon à gonfler la note. « Taïédanlamass » semble constituer, pour le Kéké, l'Incantation Ultime quand il cherche à démontrer la qualité du dernier gri-gri monté sur sa machine. Té de fourche, je veux bien, mais bloc compteur, faut pas me prendre pour une bille.

L'autre pierre angulaire de la kulture kéké est donc constituée par les cassettes de stunt, où des types en t-shirt s'emploient à casser leur moto de différentes manières. Je dois bien avouer que certains d'entre eux sont très forts. Très très forts. J'ai déjà du mal à tenir ma moto quand je suis du côté droit de celle-ci, alors faire un tout complet sur soi-même le hulk posé sur le réservoir alors que la moto roule, franchement, belle perf'. Maintenant, quand Christère Lambof essaye de faire de même sur l'Esplanade de Vincennes le vendredi soir, ça devient moins drôle. Ne mesurant pas le décalage qui existe entre son égo et la maîtrise de sa machine, Christère Lambof risque non seulement de casser quelques jambes, mais aussi (et c'est plus grave) de se couvrir de ridicule et donc perdre son statut de Kéké en Chef. Si tu pouvais éviter de te vomir dans mes pattes, ça serait sympa, j'en ai encore besoin pour quelques années.
La monture du Kéké

En abordant le sujet de la monture du Kéké, j'hésite... Car les voies de la kékétude sont impénétrables, et ses frontières mouvantes. Ce qui fut le summum de la kékétude quelques mois auparavant peut tout à fait devenir la norme. A contrario, une idée originale peut être récupérée par la Manufacture Nationale de Kékés et devenir un nouveau symbole de kékétude. Personne n'est à l'abri du phénomène de kékétudation d'un accessoire.

Je prends un exemple neutre : les loupiottes bleues sur les gicleurs de lave-glace sur le capot d'une voiture. Le premier qui a fait ça a eu une idée originale. Le second, c'était déjà moins bien. Quand on a commencé à trouver ce genre d'accessoires dans les magasins de tuning, celui à l'origine de cette idée s'est retrouvé classé d'office dans la grande famille des Kéké (ou Jackys©, pour les automobilistes). Pareil pour celui qui a eu l'idée d'adapter une tête de fourche (de 916, par exemple), un bras oscillant de VFR ou une coque arrière de MV sur une autre machine. Ce qui « fait joli » aujourd'hui peut tout à fait « faire beauf' » demain.

Et c'est bien là le drame : on est toujours le kéké d'un autre. "


Péroxyde

y'as aussi des kékés de terrasse, il n'en parle pas dans ton article, celui qui "roule" en Z750 avec la totale Rizoma et le casque kivabien avec la combi mais qui s'arrête au premier virage pour tourner la machine dans l'axe de la route... En général c'est le même qui refuse de faire une manœuvre sans moteur en public ;)


squale

super ton étude docteur J.R.D ...je crois reconnaitre certaines personnes croisées sur les routes de chez moi ..


J.R.D

faut s'inquièter c'est contagieux ... y'en a même chez nous !


NICKI91

C'est clair que c'est long à lire...mais c'est bon. :D


chris_bar

On doit ts en connaitre une flaupée !! du même genre des mecs en speed ou en Z750 en t-shirt et basket au rupteur en ville ^^ 8/


comet_GT_air

Ah ! Ca vaut un épisode du JBT ... :hehe: